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Toutes les " plume libre" de 2013 | 2012 | 2011 | 2010

 

 

 

DECEMBRE 2012

 

 

 

plume juin 2011

 

 

J'aurais pu dessiner de la neige et des sapins
D'ailleurs j'ai pensé longuement à le faire
Mais entre-temps j'ai rencontré les lutins
Vous savez cette espèce particulière qui hante les bois ou les rivières
Près des sources dans un lieu étrange délaissé par les humains
Au milieu des genêts et des arbres centenaires
Près de l'eau qui bruisse et des cailloux fleurissant le chemin
Ils étaient là, palpables, dans l'air soudain ralenti
Invisibles à l'oeil nu mais présents dans ces clignements des paupières
Que nous offre la nature : la danse d'une brindille, la course de deux feuilles
Les murmures du feuillage, les livres gravés dans les troncs.
J'ai eu envie de m'asseoir là avec juste ma toile et mes couleurs
De prendre de la terre, de laisser courir mes doigts avec mon cœur
Pigments d'ocre et de sable pour l'habiller de gouttes de ce soleil
Qui tombe quelquefois le soir en artifices parme et orangé
Qui la caresse d'ombres bleutées et de travées lumineuses

 

Cela donne ce drôle de tableau, insolite, peuplé de mondes infinis
Comme une roue du temps qui contient le Tout et le Rien
La force tranquille et immanente de l'Amour sans Nom
Au-delà des tumultes, des ans qui passent, des fracas et de l'infortune.

 

A l'Est voici venir l'aube nouvelle, la promesse et l'espérance
2013 se profile avec cet élan de possibles, la solidarité à recréer
Des cieux à inventer, une terre à honorer dans chaque geste, chaque foulée
Quand le matin se lèvera buvons la vie de nos lèvres, de nos yeux, de nos oreilles
Dansons, osons, ouvrons la porte à notre créativité, à nos pensées les plus belles
Car tôt ou tard tout ce qui est semé aura une incidence ici ou plus loin
Dans le grand corps de notre planète nous sommes tous interdépendants
Ainsi chaque action, chaque pensée, chaque frémissement est une graine d'énergie
Qui a des conséquences, rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme
C'est pourquoi le dicton : « Les prières ne vont pas au bois » est-il pleinement justifié
Chaque mouvement de notre esprit est particule de lumière ou zeste de ténèbres
Choisissons les graines que nous voulons voir pousser

 

Au Sud venez et voyez comme vos semailles ont germé et se sont épanouies
Malgré les épines et les chardons, la fleur fragile est la plus forte
De la même façon l'Amour est vainqueur …. rien ne lui résiste
Apparemment la mort a le dernier mot et la violence détruit l'homme bon
Se moquant de la tendresse, de la vénération, de l'infiniment petit comme de l'infiniment grand
Cependant celui qui saccage, qui vomit des paroles mensongères, qui se prévaut d'être noble
Quand il est fourbe, qui oublie que tout a une fin et qu'il ne lui sert à rien de gagner sa vie
S'il perd son âme celui-là envoyez-lui des rais de lumière parce qu'il est insensé
Et ne sait pas ce qu'il fait... un jour, une nuit , il devra partir et il sera trop tard
Il n'aura pas veillé et ne sera pas prêt, tristesse infinie dans ce message de Jésus
Quand il nous invite à prier pour nos ennemis et à bénir ceux qui nous maudissent
Transformation, mutation, comment l'homme au moment de sa mort
Pourrait-il muter, se transformer, passer d'un état à un autre s'il ne s'est pas attelé
A cette tâche durant cette incarnation dans cette enveloppe de peau
Qui lui permet de traverser, d'aller d'une rive à l'autre

 

Au Sud lorsque nous contemplons le résultat de nos efforts
Malgré et au-delà des échecs, ayons de la gratitude pour ce que nous avons donné
Et aussi reçu, ce que nous avons vaincu de nos démons intérieurs
Ne renions pas les fleurs plus modestes, elles sont parfois les plus parfumées
Ou les plus élégantes ou encore les plus tenaces quand le vent souffle
Si nous nous sommes faits bernés, trahir, insulter au nom de l'Amour que nous cherchions à dire
A répandre, à faire prévaloir, réjouissons-nous car le Royaume est à nous, il est déjà là
Mais éloignons-nous des herbes qui enlacent, emprisonnent, étouffent
Allons du côté où le soleil brille et où l'eau étanche notre soif
L'eau de la fontaine si vive que sa parole est juste et effraie celui qui n'a pas le cœur pur
Au Sud voyons courir les enfants de la terre, ils portent le monde de demain
Laissons-les gambader, bavarder avec les farfadets, se rouler dans l'herbe folle
Embrasser le chien, grimper aux arbres avec le chat et imiter le coucou
Ils sont les plus belles fleurs de la terre mais leurs racines sont elles aussi dans le sol
Il faut qu'elles soient profondes pour devenir fécondes 

 

A l'Ouest quand le soir tombe et que le voile de la nuit vient sur nous
Regardons bien en face tout ce que nous ne voulons plus embarquer sur la route
Les fardeaux encombrants, les secrets si lourds, les sacs de plomb
Les inutiles, les bêtises, les rancœurs, les défaites, les plans sur la comète et le bla-bla du mental
Larguons tout cela, envoyons-le au large, au diable vauvert,
Applaudissons quand la barque chargée accoste à l'horizon ou se déverse en pleine mer
Célébrons ce moment comme LA fête par excellence, celle qui libère
Et n'oublions pas de remercier toutes ces histoires désormais passées
Pour ce qu'elles nous ont permis d'éclairer, de conscientiser, de dépasser
Quand le moment de l'ultime apparaîtra, quand l'effroi sacré nous saisira
Souvenons-nous que cet angoissant ravin va quelque part, et lâchons la crainte
Car l'ange resplendit devant nous sur la route
Bénissons ceux que nous confions avec confiance à la vie qui chemine
Ne leur laissons pas comme héritage nos inaccomplis
Et si en nous quelque souffrance persiste allons la chercher par la main
Pour qu'il n'en reste pas trace lorsque nous aurons franchi ce cap
Et que nos descendants puissent oublier notre fin pour ne se souvenir que de nos incandescents.

 

Nos ancêtres sont passés par tout cela avant nous
Dans la glaise, dans le feu, dans le torrent, dans l'eau qui bondit,
Ils sont retournés à l'univers, aux myriades de planètes, à la terre qui gravite
Leur présence reste immuable au nord comme une boussole, une direction à maintenir
Un phare vers lequel se tourner dans les moments de faiblesse
S'ils ont été imparfaits, mauvais parents, absents, destructeurs
Tentons de transformer là encore une fois notre regard
Si nous continuons à leur en vouloir c'est que nous sommes toujours dans l'illusion
Qu'ils auraient pu faire autrement
La plupart de nous, la grande majorité d'entre nous faisons ce que nous pouvons
Là où nous sommes avec ce que nous avons reçu et avec notre potentiel
Les gaffes que nous commettons sont souvent celles commises par notre aveuglement
Notre manque de discernement et de conscience, notre jugement sur nous-mêmes
Hormis les cas de psychopathies, de désordre mental majeur
Ou vraiment de chute dans les ténèbres nous croyons bien faire même quand nous nous trompons
C'est pour cela que tout est pardonnable excepté le blasphème contre l'Esprit
Là quand un être en vient à ricaner de Lui au travers de vous, prenez la fuite
Et ne vous retournez sous aucun prétexte... pensez à la femme de Lot
Partez vers l'Est, vers l'ORIENT de votre Etre, le jardin d'Eden est par là

 

Bon cette fois vous allez penser que je suis très branchée pour cette plume
Peut-être, je ne sais pas, ça m'est égal au fond
Le Noël de cette année m'a particulièrement touchée
J'ai réalisé combien le sens est oublié, recouvert de chapons et de lampions
Quand on est exilé on prend conscience autrement de ce qui est chevillé dans la profondeur
Et c'est les larmes aux yeux que je reçois un sourire, une attention
Une invitation inattendue à passer le réveillon dans une famille noble de cœur
Un moment où n'a d'importance que les regards sacrés que l'on échange
La lumière qui brille dans les yeux de chacun, l'amour qui devient palpable

 

Et je pense à tous mes anciens amis de Clermont, ceux de Wavreumont, ceux de Bouillon,
Dans ces lieux où j'ai gravi des étapes dans la persévérance et la quête d'absolu
Puis ceux de Charente, de la grange des artistes, ceux de Villedieu (et des alentours...), ceux de Hauteville et tous les autres d'un soir, d'une rencontre, d'un instant fugace, d'un partage, les visages inconnus qui m'envoient un email de gratitude, ceux venus de loin qui me demandent un éclairage un conseil, tous et toutes vous êtes dans mon cœur comme de petites flammes dans un brasier ardent

 

Que 2013 nous amène tous et toutes sur le chemin de la transformation, que l'homme ancien dépose ses hardes dans la barque qui prend le large et que l'homme nouveau émerge des flots

 

Que 2013 fasse grandir en chacun l'infinie compassion, la grande bonté pour le Vivant et la sublime humilité : soyons passants fidèles et passeurs aimants....

 

Joëlle Dederix

 

 

 

 

NOVEMBRE 2012

 

 

 

plume juin 2011

 

Feu d'Automne

 

Le feu a mille sortilèges, mille flammes , mille nuances
Les feuilles d'automne sont comme lui
Parées de déclinaisons de couleurs et d'arabesques dorées
Après la Toussaint la nature tire le rideau et dans ce geste
Elle parsème la terre d'un tapis de velours aux chauds reflets
Les arbres revêtent leurs plus beaux atours avant de tirer leur révérence
Une à une comme des gouttes lumineuses les feuilles se détachent
Puis dansent une valse lente leur silhouette fine et gracieuse
Bercée d'est en ouest par la brise pour épouser enfin doucement la terre

 

Figurez-vous que fascinée par les tonalités qui crissent sous mes pieds
J'ai pris l'habitude ces derniers jours de ramasser les feuilles pour les admirer
Je les ai même amenées au magasin pour choisir une peinture qui leur ressemblerait
Et bien je vous assure je n'ai pas trouvé de couleur qui soit aussi belle
Après mes allées et venues autour des arbres j'ai filé chez le kiné
Là j'ôte ma blouse et pose ma tête sur un coussin tandis que ses mains expertes me massent
Soudain il me dit : « Vous faites un herbier.... ? »
Un peu interloquée je veux répondre quand il dépose une jolie feuille jaune sur la table
En riant il me lance : « Je ne savais pas que cela se faisait de coller des feuilles sur la peau » 

 

Je suis fascinée par le feu qui se déploie sur les feuilles
Interpellée par la gratuité de cette élégance et de cette majesté
Dégradés de jaune, d'orange, de vert, de rouge et de brun
Mélange d'ocre, de perle, de carmin, d'écorce
Précision des ramures, finesse du grain, transparence du trait
La nature flamboie, les vignes deviennent presque sépia
Et dans cette générosité l'amour vient se dire encore

 

Celui qui ne se gonfle pas d'importance
Et donne sans attendre en retour
Sans compter, sans retenir, sans se lasser
Ce qu'il a de meilleur

 

Lorsque nous nous sentons vieillir pensons au feu et à l'automne
Pour nous rappeler combien nous pouvons être beaux dans notre maturité
Nos flammes ardentes offertes à ceux qui nous suivent et à qui nous transmettons
L'or et l'opale, le vermeil et l'ébène de nos vies et de nos œuvres

 

Avant de quitter l'arbre de notre existence soyons resplendissants de clarté et de vérité
Épurés, ouverts au vent, scintillant de mille feux
Pour que voyant comment nous parfumons la terre
Ceux qui nous entourent aient dans leurs yeux des paillettes blondes
Et sur leurs lèvres des pétales de framboise

 

Joëlle Dederix

 

 

 

 

 

 

OCTOBRE 2012

 

 

 

plume juin 2011

 

Compagnon fidèle

 

Fin juin je me reposais sur un banc en pierre devant la poste
Passe un grand gaillard avec un magnifique chiot dans les bras
Je lui dis : « S'il te plaît laisse-moi le caresser »
Il le pose sur ma robe fleurie et me voici couverte de baisers tout mouillés
Une petite langue tiède se promène dans mon cou tandis que le géant rit doucement
Il marmonne : « J'allais justement l'amener au refuge pour animaux abandonnés.
Elle a été jetée cette nuit dans une cour avec deux autres chiots »
Je repars avec ma chienne lovée contre moi
Ma fille qui sort à l'instant de l'école se rue sur nous avec dans les yeux un immense soleil
Nous voici remplies d'amour pour cet être vivant qui s'est invité chez nous miraculeusement
Tous les matins qui ont suivi j'ai remercié le ciel pour cette bénédiction
Une semaine plus tard nous sommes parties en Belgique comme prévu
Et comme prévu aussi nous sommes revenues avec un p'tit chat qui nous était promis
Même âge, trois mois chacun, ils se sont apprivoisés en un clin d'oeil
Très vite inséparables pour galoper, manger, dormir et quémander des câlins
Les vacances ont été trépidantes dans tous les sens et début septembre arriva un moment attendu
Celui du déménagement pour une petite maison à la campagne avec jardin et lumière
Le chat devint un vrai chat en deux jours, vadrouillant et guettant les souris
Mais jamais trop loin pour ne pas s'éloigner de sa vaillante compagne
Qui elle restait fidèlement dans mes quartiers me suivant partout où j'allais
Nous étions là de six semaines quand éclata le drame
Ma chienne revint de son tour matinal autour de la maison avec un air de chien battu
Je l'accueillis comme toujours avec force caresses
Elle se coucha et ne se releva plus
Une heure plus tard elle mourait chez la vétérinaire
L'autopsie révéla de nombreuses traces de coups ayant endommagé la rate
Et causé une hémorragie interne massive et fulgurante
Je suis restée en état de choc une semaine et d'autres avec moi
Une telle violence ….. à ma porte …. sur un être vulnérable.... sans défense

 

Nous avons beaucoup pleuré
Sur la fragilité, la cruauté envers les plus faibles
Le p'tit chat a beaucoup erré et crié
Dormant dans notre giron et ne quittant plus la maison

 

En une semaine j'ai eu droit à toutes sortes de commentaires
Les compatissants heureusement sont nombreux
Puis y'a les autres qui vous serinent du : « Tiens et c'était quelle race ? Ah il devait être beau !....
Ou.... « Ca serait pire si c'était un enfant c'est ce qu'il faut se dire …. après tout ça n'est qu'un chien !
Ou … « Vous devriez en reprendre de suite un autre comme cela s'il disparaît de la même façon vous en auriez le cœur net ….. »
Ou … ; « Parlons d'autre chose de plus amusant…. avez-vous pensé aux chants pour la fête de l'école....ça va pas un peu mieux aujourd'hui ? Pas encore ?... ;
Ou .. ; « Il a sans doute eu un coup de sang celui qui a fait ça et maintenant il doit être bien emmerdé.... »
Bon j'arrête, vous avez compris la teneur....

 

Voyez-vous ce qui me met dans le désespoir aujourd'hui c'est l'inconscience humaine
Des gens qui ignorent que toute vie a un prix
Et qu'un enfant pleure son animal comme un être cher
Nos actes ont des conséquences, nos pensées également... l'effet papillon est garanti
Parfois pour des décennies
Car dans cette histoire depuis une semaine, il y a eu cruauté, chagrin d'enfant et de grands,
Traumatisme dans les cœurs, village abasourdi, faux témoignage, mensonges,
Manque de compassion, déresponsabilisation... imaginez les ricochets.....
Loin sur la rivière l'eau s'en souviendra encore

 

Je ne sais trop quoi écrire aujourd'hui, je me sens vide soudain
Je suis comme ce boutiquier qui parvenu au crépuscule de sa vie
Ferme son magasin amer et déçu parce que personne n'a voulu de ce qu'il offrait
Des histoires de rêves, des contes de vie et d'amour, des gestes de tendresse
Et surtout surtout de l'eau à partager, de celle qui bondit sur les roches
Et frémit dans les cascades, de celle qui emporte les crottes de toutes sortes
Avec ceux qui croient que leur gazon leur appartient pour la nuit des temps
Qui préfèrent barboter dans une mare crasseuse plutôt que de suivre le courant
Qui nous entraîne, nous emmène, nous envole tous... un jour ou l'autre

 

Joëlle Dederix

 

 

 

 

 

 

SEPTEMBRE 2012

 

Peinture offerte par Sara

 

 

plume juin 2011

 

Orages, bourrasques et autres tempêtes

 

Alitée pour un repos forcé me voici devant l'impératif d'écrire
Ce qui monte comme d'habitude c'est l'expérience des derniers jours
Traversée de la douleur insupportable, angoisse devant l'inconnu d'un diagnostic
Passage par les urgences, attente dans un univers blanc
Colère du vieillard qui veut sortir de cette prison
Propos grivois de mon voisin de chambre quand vient l'infirmière pour le pansement
Silence ouaté d'une pièce dans laquelle trône un redoutable scanner
Bip bip du monitoring, pas rapides dans le couloir
Mon corps mis à nu puis juste vêtu d'une grossière chemise blafarde
Anonymat dans une foule de maux et de cas hétéroclites

 

Le médecin pallie au plus pressé tandis qu'on redoute le pire
Ouf le scanner est bon, pas d'hémorragie cérébrale
Mais qu'est-ce donc alors ….. il faudra les longues heures de six jours pour le savoir
Hernie discale.... c'est pas drôle mais c'est pas grave si je peux guérir....hem
Sauf que si ça appuie trop sur le canal médullaire…..n'y pensons pas pour l'instant

 

Dans les yeux de mes enfants et de mes amis je vois la sourde inquiétude s'envoler
Et faire place à un immense soulagement
C'est doux de se sentir aimé et accompagné

 

J'en veux à mon docteur qui me traîne depuis deux mois et demi
D'anti-inflammatoires en antidouleurs dans l'escalade des échelons
Et qui ne m'écoute pas quand je me plains
Oui je me plains de ne pas dormir la nuit tant j'ai mal,
De ne plus pouvoir mobiliser ma tête
Elle (hi c'est une femme mais ça veut rien dire) sourit
Opine du chef et décrète que je me suis beaucoup surmenée les derniers temps
Lorsque j'évoque les fourmillements dans mes mains signe neurologique évident
Elle m'affirme que c'est typique du stress....
Voilà ce qui arrive à nombre de malades qui ne sont pas entendus
Dans leurs symptômes et surtout dans ce qu'ils expriment

 

Il faudrait dessiner une gigantesque oreille sur la porte de tous les cabinets
Médicaux et paramédicaux
Une oreille comme nouveau sigle de ces professions délicates
Qui ont pour mission de servir l'humain et non pas de l'asservir
Comme c'est trop souvent le cas
Malade enclavé dans les discours scientifiques
Patient qui porte bien son nom d'être soumis
A la toute-puissance qui l'environne voire qui profite de sa vulnérabilité
Pour asseoir le pouvoir de ceux qui sans doute redoutent tant leur propre faiblesse
Leur propre mortalité qu'ils se rassurent dans ce rôle de dominateur

 

Je regrette mon ancien médecin qui savait si bien tendre l'oreille
A tout …. même à l'inaudible
Passionné par son métier, aimant profondément les gens
Ah oui il fallait attendre longtemps dans la salle
Mais cela en valait la peine et nous patientions avec ténacité
Je suis loin de lui maintenant mais je lui adresse un signe de gratitude dans cette plume

 

J’ai encore tant de choses à vous dire
Par exemple le bonheur que l'on ressent en sortant de l'hôpital pour retrouver sa maison
La joie de regarder les oiseaux dans le tilleul, le chien sous la balançoire
Et le chat dans son sillage tandis que ma fille fait des pirouettes dans le jardin
Le goût moelleux de l'instant présent savouré avec une joie parfaite
La cloche qui sonne, un avion qui passe, les machines à vendanger qui ronronnent
Des amis présents, fidèles, se rendant discrètement utiles dans leurs interventions
Cherchant juste à vous donner les informations qu'ils ont eux-mêmes expérimentées
Ils savent ce que c'est, ils l'ont vécu de près ou de loin et ils compatissent

 

Dans cette quiétude il y a aussi des fissures
D'autres qui arrivent persuadés qu'ils détiennent la solution miracle à votre problème
Sans l'avoir touché cela va de soi, ils viennent vous faire parler
Et capturent votre parole pour vous « psychologiser »
Vous embrigader dans les innovations parallèles les plus farfelues
Vous mettant en garde contre la médecine …. à les croire il s'agit du diable habillé en blanc
Là je me transforme en schtroumpf grognon et je dis
« J'aime pas les excessifs »
Faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain c'est bien connu
Je préfère me fier à mon bon sens et faire preuve de discernement …..
Ah les beaux parleurs
Bla bla bla et bla bla bla ….. je sais tout
Mais....................... hem …... je fais pas grand-chose..... de concret
C'est que parler autant ça prend de l'énergie ….. vous n'avez pas idée       :)
Grrrrrrr je déteste ces attitudes proches de la manipulation
Qui vous sucent votre sang et prétendent tout savoir …. mieux que vous pôvre pitchoune
Ah et en plus ils viennent pointer leur (petit) doigt sur vos surdités à vous-mêmes
En réalité c'est votre faute vous avez fait un déni …. ignorant votre propre état
Ou alors certes vous l'avez fabriqué suite à vos nombreux problèmes de vie
Et quand ils repartent ils sont ravis d'avoir pu se rendre utiles
Rien qu'avec leur langue et leurs innombrables connaissances   
Aie aie aie
Oui je pique
Et qui s'y frotte.....

 

Alors si vous vous reconnaissez dans les premiers, les simples et les humbles
Soyez heureux car la terre vous appartient
Si vous vous sentez visés par mon commentaire sur les seconds
Attention pas d'interprétation hâtive
D'abord certes ce comportement m'indispose mais je vous aime quand même
Parce que derrière je vous vois si fragile, tellement en quête de vous
Allez ôtez les masques je vous ai reconnu
Vous êtes si beaux sous ces oripeaux d'apparences, sous ces voilages de failles
Laissez donc votre mental au vestiaire
Il est le manteau du vieil homme, celui dont parlent les évangiles

 

Ah j'oubliais il y a aussi ceux qui font les morts
Pas de nouvelles, ils ont disparu de la circulation
Les rats quittent le navire quand l'orage menace ….c'est pas moi qui le dit c'est le dicton
Alors eux ne sont pas plus enclins à la transformation intérieure que les précédents
Je vais vous dire pourquoi
Trop égocentrés certes mais surtout trop mous pour la rudesse d'un face à face avec soi
Je suis certaine que quand je les reverrai ils vont se plaindre
De leur travail, de leur vie si chargée, de leur amour si compliqué,
Ils vous aiment beaucoup mais ils n'ont pas le temps
Vous comprenez ça vous … pas le temps pour l'amitié
Pour un coup de fil, un simple sms, pas le temps ?
Et ils sont si malheureux de n'avoir pas pu venir vous voir
Ils ont pensé à vous …... énormément voire même ils ont prié
Ah la bonne conscience
Comme disait mon père
Les excuses (entendre les prétextes) c'est fait pour s'en servir

 

Oups je les entends (à distance) se vexer dans une indignation toute vertueuse
Allez détendez-vous
Je ne parle que de ce que j'ai moi-même dit, fait, vécu …..l'existence est vaste
Si large que quand on est attentif on touche à tout, on est tout.....
Y'a pas d'un côté les méchants, les enfoirés
Et de l'autre les bons et gentils travailleurs
Ou alors si vous pensez cela relisez donc la parabole du pharisien et du publicain
Elle est actuelle, très très actuelle
Ou encore l'histoire de l'écharde dans l'oeil du voisin …. si visible ….. et de la poutre dans le nôtre
Parfaitement invisible of course
Surtout s’il vous prend l’envie de culpabiliser ne venez pas me voir
En vous plaignant que votre nombril est sale
Car vous prendrez le risque que je vous rebaptise caliméro…. pour la vie
Qui aime bien châtie bien…….

 

Stop
Vous n'allez pas me croire, il faut que je vous quitte, je repars aux urgences
Pas pour moi, pour ma fille qui se tord en eux tant son ventre lui fait mal

 

Trois jours plus tard me revoici...pour vous raconter ce qui vient …
Les urgences un dimanche 17 heures
La salle est comble et les ambulances arrivent de partout
Ma fille gémit et tremble sous la fièvre, elle a huit ans et dit qu'elle va mourir
Si elle doit encore attendre ….. 4 heures passeront avant que l'on arrive dans un box
Et dans la foulée nous aurons vu un sexagénaire la jambe ouverte béante dégoulinante de sang
Rester sans mot dire sur sa chaise roulante pendant deux heures,
Des gens crier, une dame faire une syncope, d'autres pâles à faire peur
Nous resterons 5 heures et demie dans une chambrette ….. prise de sang, radio, antidouleur
Entre les coups à chaque fois plus d'une heure nous sommes là à guetter quelqu'un
Tandis qu'une vieille crie qu'elle étouffe et qu'elle n'aurait pas dû venir ici, qu'elle va y rester
Dans cet univers de cauchemar l'infirmière est calme, attentionnée, la dame toubib aussi......
En pleine nuit nous voici redirigés vers un autre hôpital, plus loin, plus grand
Spécialisé pour les enfants..... à 3 heures du matin je roule avec ma minerve, mon angoisse
Et mon étoile sur la banquette arrière qui ne parle plus, économise ses forces qui s'amenuisent
Dans le noir, je pense que tout passe, je m'accroche aux pères du désert
Je prie comme eux, je tente d'imiter le pèlerin russe
Confiance, confiance, confiance

 

Le reste je le tairai, c'est de l'ordre du personnel, de l'intime et donc de la sobriété

 

Nous sommes là ensemble et mon cœur fatigué fredonne inlassablement
Comme des mantras ces bribes de mes chansons

« Où que me mènent mes caravanes.... ma religion c'est l'Amour....

« Oui à la vie, à ce qui vient et même au cri sur le chemin.... »

 

Nous rentrons à la maison exténuées et les yeux gonflés de tendresse
Sur la banquette arrière mon étoile brille et devise avec le chien récupéré au passage
Voici quelques-uns de ses mots :
« J'ai été à l'hôpital, c'était pas drôle tu sais, on reste très très longtemps dans une chambre et personne ne vient jamais voir comment ça va …. .
En plus c'est cher …. ah c'est pas comme chez les schtroumpfs …. chez les schtroumpfs tout se donne, rien ne s'achète..... 
Maman ?
Mon coeur… ?
J’ai trouvé comment on pourrait supprimer l’argent…. Tu vois par exemple tu as besoin d’un pain et ben tu vas chez le schtroumpf boulanger, tu lui demandes, il te le schtroumpfe et en échange toi tu lui schtroumpfes une salade de ton jardin….ou autre chose qui lui schtroumpferais plaisir … tu vois… ? »

 

La vérité sort de la bouche des enfants, c'est pas moi qui le dit …. c'est le dicton

 

P.S. Je suis certaine qu’après cette plume je vais recevoir un million de mails et de coups de téléphone….. si l’un d’entre vous veut m’offrir des vacances sous les tropiques, ou m’emmener voir danser les baleines je suis pas contre…. je dirais même plus…. je suis pour….

 

Joëlle Dederix

 

 

 

 

 

 

AOUT 2012

 

 

plume juin 2011

 

 

Derrière les fenêtres un homme se meurt tandis que le soleil inonde la rue et que les rideaux dansent  doucement. Dans le village la vie éclate de partout, les rires fusent et les chiens se promènent. J'ai connu ces nuits blanches au sein de l'hôpital quand une porte reste close parce que dans cette chambre se déroule un passage qui nous plonge dans l'effroi. Pourtant il suffit de s'approcher pour apercevoir sous les paupières closes un regard abandonné et tellement pareil au nôtre. Et si vous prenez dans votre paume une main encore si chaude je suis bien certaine que comme moi je l'ai vécu tant de fois vous sentirez palpiter votre propre sang...
L'autre soir j'étais assise à la terrasse d'un bar, j'avais commandé un verre avec une copine. Mais un serveur est arrivé et nous a demandé de partir parce que des personnes se plaignaient qu'arrivées avant nous elles s'étaient vu souffler une place sous leur nez.... discours volontairement culpabilisant pour que nous obtempérions. Nous nous sentions humiliées sous les yeux de nos voisins qui ne comprenaient rien à ces façons d'agir. En réalité la vérité est simple, nous n'étions pas très rentables avec notre petit verre alors que ces charmants touristes allaient manger et faire grimper la facture. Voilà comment nous vivons inconscients de notre mortalité car si nous l'étions un scénario de ce genre ne serait pas pensable, nous aurions trouvé un compromis pour que chacun puisse rester. Etre éveillé consiste à entrer dans le Tout et à vivre en regardant l’autre comme nous-mêmes. Parce que chacun à son tour on peut être humilié, réclamer une place au soleil, incriminer autrui, rire sans se préoccuper de l’homme d’à côté et au bout du compte mourir seul ou peu accompagné…. Quelle vie insensée nous menons là et si vide, creuse comme le tronc d’un arbre mort. J’en connais qui vont me dire : « Oulà là et bien c’est pas gai ce que tu écris …. pffff » en râlant ou décrétant que je dois traverser une période dépressive… Mais je n’écris pas pour que l’on me beurre la tartine… je prends ma plume pour laisser échapper des coulées de ce que captent mes yeux et mes oreilles sans distinction aucune.

 

Alors bien sûr j’ai vécu aussi ces dernières semaines des jours inouïs malgré ma fatigue. Ainsi un matin la grâce de Dieu s’est invitée dans ma maison. Elle s’était vêtue pour l’occasion d’un sac de peau peu commun. Elle voulait me mettre à l’épreuve en se cachant sous une enveloppe que les hommes et les femmes de notre temps qualifieraient de « pas jolie » ou encore « d’anormale »… Ses balbutiements, son cœur énorme acceptant tout de la vie même les blessures, sa tendresse infatigable malgré nos réticences m’ont révélé qui elle était et d’où elle venait. Etre étrange que viens-tu nous dévoiler de nos manques d’amour ? Créature disgracieuse qui vient réveiller nos peurs de la différence et qui vient nous tirer du sommeil dans lequel nous plongent nos existences chargées de désirs,  de courses, d’envies d’avoir…. de toutes sortes. Elle est restée trois jours avec nous et quand elle est repartie il a fait nuit plus tôt que d’habitude.

 

Une de mes plus belles journées s’est déclinée en Ardèche dans un endroit où repose la dépouille de mon sage bien-aimé. En marchant vers sa sépulture j’ai entendu un petit toc juste devant mes pieds. C’était un gland tombé d’un de ces chênes magnifiques et si prolifiques qu’ils jonchent le sol de leurs fruits. J’ai ramassé ce gland comme on trouve un trésor et l’ai glissé dans mon bénitier …. Oui oui au creux de mes seins à l’abri pour la journée afin que mon élan de gratitude au long de mes pas reste conscient que nous sommes Cela….. Un gland parmi des millions…. Unique mais pas irremplaçable, important mais pas essentiel pour que la Vie Soit, différent et pareil en même temps, naissant et mourant dans une ronde qui tourne et qui revient toujours sans se lasser comme l’aube après la nuit, comme le printemps après l’été.
Un parfum particulier et tenace s’élevait de la terre …. J’entendis quelqu’un murmurer : « L’odeur inimitable des figuiers, que c’est bon….. »
A mon retour je me mis à peindre …. Lorsque la peinture fut achevée je la regardais et du fond de ma mémoire jaillirent quelques notes de musique…. Je me souvins de ce passage du cantique des cantiques quand la fiancée chante : « Les fruits sont au figuier, mon âme est toute prête, j’attends mon bien-aimé il me dira d’ouvrir….’ Et que le bien-aimé lui répond : Viens ma toute belle, viens dans mon jardin…… »

 

Mon bien-aimé a un cœur en or. Les cyprès s’inclinent devant son souffle. Avec lui je peux traverser même l’ombre qui, nous regardant …. en pleure d’Amour…

 

Joëlle Dederix

 

 

 

 

 

 

JUILLET 2012

 

 

plume juin 2011

 

VACANCES

 

Je voulais écrire ceci : « Une page blanche car moi aussi je suis en vacances »
Mais je me suis ravisée me disant que cela ne faisait pas trop sérieux
Alors j'ai fouillé dans mon grenier pour y retrouver
De vieux poèmes languissant sur le papier de n'avoir jamais été postés
Prête à vous les envoyer je les ai revisités une dernière fois
Doux souvenirs du passé qui au bout du compte ne concernent plus que moi
Ainsi me voici devant vous tentée de dépouiller mon cœur avide
Celui d'aujourd'hui qui du bout de sa lorgnette croit être plus lucide

 

Pour trouver du grain à moudre je me tourne vers la fenêtre
Le soleil grille les façades qui s'écaillent
Les oiseaux ne cessent de s'ébattre et de piailler
Exactement comme les touristes qui envahissent le village
Bruissant, mangeant, buvant du rouge et du blanc
Roses de plaisir et de lumière rêvant de rester là
S'émerveillant du rire de la fontaine
Des chiens qui courent librement
Des enfants qui s'assoient près des vieux sur les bancs
Et croyant naïvement qu'ici tout est mieux que chez eux
Ah les voici arrêtés en plein milieu du jeu de quille
Avec leurs voitures si rutilantes et leurs jupettes volantes
Regardons vite vite si la pizzeria est ouverte ce soir
Un loup du village à fond de caisse en vélo freine sec
Contre ce pare-choc là il n'a aucune chance
Il râle et contourne le véhicule géant en se retournant
Pour manifester sa désapprobation tout en continuant à pédaler
Il se prend une pelle en butant contre l'étendoir à cartes postales
Qu'un gentleman a déplacé pour étendre ses longues jambes
A l'écart de l'ombre des platanes
Hier soir en rentrant j'ai eu peur d'écraser quelqu'un
Devant le bar c'est la cohue et personne ne se bouge
Tant que vous n'avez pas frôlé un de ces poils
Autant dire que cela se joue au millimètre
Mais rassurez-vous j'aime les touristes
Si si je vous assure ils m'apprennent tant de choses
D'abord à conduire lentement, prudemment
En regardant sans cesse de tous les côtés
Des fois qu'une ruine se mettrait à marcher
Et à déverser ses vieilles pierres sur votre route
Ensuite après l'été je sais parler au moins quatre langues
Et j'ai les yeux emplis de couleurs et de beauté :
Les bouts de tissus, les corps bronzés, les défilés, les décapotables

 

L'autre jour dans les collines j'ai vu une famille sympa
Papa, maman et les enfants, casquettes, shorts et baskets
Comme des écrevisses suant de grosses gouttes
Je dormais à l'ombre à l'heure de la sieste
Et eux marchaient en plein cagnard
Les petits obéissants comme des images
Ne touchaient à aucune fleur
Papa l'a interdit
J'ouvre une demi paupière pour apprécier le spectacle
Une main en visière car là je crois à un mirage
Le père est dans le champ de lavande mais que fait-il
Je veux crier : « attintion (attention) aux vipères »
Mais voyant ô horreur qu'il se fait un bouquet grrr
Je me tais ricanant dans mon menton qu'il aille se faire piquer
Il ressort indemne et tout fier le nez dans son larcin comme un chien dans sa truffe

 

Mais si si j'aime quand même les touristes
Parce qu'ils viennent nous titiller
Dans nos intolérances, nos désirs de conquérant
Nos rêves de fortune et de gloire
On est chacun à notre tour touriste quelque part
Passant d'un soir ou d'une vie
Un jour dansant sur la place comme un papillon au soleil
Le lendemain déposant notre corps fatigué sur le rivage pour un nouveau voyage

 

Je vous souhaite de belles vacances
Des espaces blancs pour y déposer vos bagages
Des instants de précieux silence pour vous entendre mieux

 

Le cœur vacant
Pour que la musique du monde et des âges
S'y dépose en gouttes rouges et bleues

 

Joëlle Dederix

 

 

 

 

 

 

JUIN 2012

 

 

plume juin 2011

 

 

Un tournesol fièrement dressé sur ses corolles
Vit arriver vers lui un citadin avec faux-col
L’homme ravi de rencontrer une fleur toute en or
S’assit par terre et tandis que se reposait son corps
Il promena son regard sur les pétales dorés
La jolie s’en aperçut et fit mine de l’ignorer
Elle connaissait bien ce qui était arrivé au corbeau
Qui perdit son diner pour un compliment trop beau
Elle se dit en son for intérieur
Qu’il n’avait rien d’un seigneur
Que seule une source de lumière
Méritait son attitude altière

 

Le tournesol releva plus encore sa longue silhouette
L’homme songea qu’il n’avait jamais vu aussi belle coquette
Tandis que ses pensées enfin libres vagabondaient
La coquine les bras grands ouverts jouissait
Ne cessant de se balancer doucement pour saluer le soleil
Frémissant sous ses caresses et s’offrant aux butineuses abeilles
Elle rougit de plaisir, suant des perles d’un nectar sucré
Soudain alanguie, le cœur voguant sur les eaux comme emporté

 

Elle avait oublié la présence de l’intrus qui l’observait fasciné
Dans la fulgurance de l’instant il venait de découvrir la sensualité
La vraie, naturelle, spontanée qui ne calcule rien, ne cherche qu’à être
Il se sentit petit, formaté, presque vulgaire
Vit défiler dans sa tête les notes d’hôtels, les costumes, les artères des métropoles
Les vitrines ruisselantes, les porte-jarretelles, des milliers de bagnoles

 

Il se souvint de certains jours d’enfance, si lointains désormais
Lorsqu’il courait presque nu dans les champs et qu’il faisait des bouquets
De pissenlits, de boutons d’or, de violettes, de pâquerettes
Il les offrait à Margot pour lui conter fleurette
Aujourd’hui il va chez le fleuriste et il sort son portefeuille
Pour de splendides roses, des lys, de l’exotisme et quelques feuilles

 

Le tournesol ne s’occupe plus de l’homme et ne voit pas qu’il avance
La main tendue il veut couper la tige, posséder la fleur immense
Mais voici qu’un murmure parcourt tous ces cheveux blonds
Un souffle de vent inattendu qui court et se transforme en son
Comme un pleur lancinant qui pénètre dans l’oreille de l’homme
Qui l’alerte, touche un domaine resté sensible, un espoir en somme

 

Reliés par des liens invisibles les fils de la nature sont unis
Ils se préviennent, se protègent, se liguent contre l’ennemi
Le citadin le sent pour la première fois, il n’y a jamais songé avant
Le voici qui parle à la belle inconnue, il gémit comme un amant
La fleur princière se tait, elle ne connaît pas le langage de la raison
Mais elle écoute et l’homme lui confie ses frissons
Il vient plus près, il la frôle, elle palpite et se raidit sous la peur
Elle ne veut pas finir dans un vase ni même contre un cœur
Elle est née pour vibrer sous la chaleur solaire
Devenir son reflet, se transformer en astre de lumière
Elle veut mourir en ayant accompli sa mission
Ce pour quoi elle est faite, se donner à la moisson

 

Par trois fois l’homme est tenté de la faire sienne
Par trois fois le vent surgit et fait des siennes
L’homme sent sa poitrine lui faire mal et il baisse les armes
Il y a si longtemps qu’il n’a plus versé de larmes
Voici le flot retenu qui s’élance à grand bruit
Qui secoue de sanglots cet être si meurtri

 

Notre âme est comme un tournesol
Qui n’a pas besoin de boussole
Pour se tourner vers le soleil

 

Il lui faut juste une terre fertile,
Un air libre, un espace ouvert loin du futile
Il lui faut juste trouver pourquoi elle est faite
Ou retrouver à quoi elle est prête

 

Quand renaît l’aube éblouissante
Et qu’une clé de sol marque mon réveil
Je sais que je suis née pour la musique et pour les sons
Voici venir des matins de renaissance
Cherchons ces voies qui nous appellent
Dépouillées de l’inutile, elles adviendront …

 

Joëlle Dederix

 

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MAI 2012

 

 

plume juin 2011

 

LA VISITE

 

Vous connaissez sans doute la chanson hilarante de Linda Lemay :
« J'veux pas d'visite »
Et bien figurez-vous que quelquefois je l'admets
J'écoute ces paroles en riant de toute ma frite
J'veux pas que vous croyiez que je pense à vous en écoutant c' refrain
Mais avouez que nous avons tous dans notre vie certains parasites
Qui viennent fureter dans nos p'tites affaires, s'immiscent dans nos secrets
Surgissant de surcroît à l'improviste
Quand c'est le bordel dans la cuisine et que le ménage n'est pas fait
Venant pointer un gros doigt accusateur et distillant des mots acides
Devant nos culottes qui traînent par terre, le lit défait
Et nos habitudes alimentaires évidemment toxiques

 

Heureusement qu'arrivent dans la foulée des lurons très gais
Qui viennent juste pour nous voir, jouissant comme nous de la surprise
Riant du frigo vide puisqu'ils arrivent les bras chargés de mets
Ravis de nous raconter leurs péripéties
Mais aussi de nous écouter sans nous couper la parole sans arrêt
Et surtout sans donner leur avis

 

Les premiers savent tout sur tout, ils sont les plus malins
Les seconds ne prétendent pas, avec eux rien n'est prédit
Quand les uns prennent la porte nous sommes soulagés mais défaits
Lorsque les autres s'en retournent nous sommes émus mais plein d'énergie
Cependant tous nous mettent au travail sur nous-mêmes
Reflétant des zones restées dans l'ombre et qu'il faut qu'on élucide
Ou nous reconnectant à la joie profonde de notre Etre parfait
En amenant dans notre surmenage une décontraction subtile

 

Ce qui me surprend le plus ce sont ceux qui sont si certains
De nous apprendre la vérité qu'eux ont bien sûr conquise
A grands renforts de stages et de bouquins
Ils pensent avoir débouté le mental alors qu'ils se transforment en esclavagistes
Face à ceux-là je me sens faible, et soudain me voici un pantin
Dont ils manipulent les fils au nom de mon esquif si fragile
C'est qu'ils sont diablement futés et pétris d'arguments très fins
Me voici devenue un frêle roseau près du chêne si solide
C'est là qu'il est temps de me rappeler un dicton ancien
Qui dit que le chêne peut casser tandis que le roseau plie

 

Ceux qui me touchent ce sont les humbles et les discrets
Ils ne revendiquent pas, leurs yeux sont habiles
A discerner mes plus intimes chagrins
Ils partagent avec moi des moments impalpables et graciles
Ils s'amusent de tout et de rien
Prenant chaque instant comme un cadeau magique

 

Je connais un lieu près d'ici où gazouillent les cyprès
Devant ce temple veillent deux grands ifs
Sentinelles d'une chapelle si belle qu'en l'approchant tout près
On se sent aimé tel que l'on est, joyeux ou triste, lutteur ou oisif
J'y emmène souvent sans distinction vaine
Ceux qui me rendent visite
Car il est de ces endroits sacrés reliés au divin
Qui érodent nos côtés les plus rétifs

 

Mon cheval intérieur est mon plus fidèle partenaire
Il me dit vers où galoper pour rester ivre
De vie, de vent, de grands espaces, d'horizons lointains
Il me mène vers des fontaines d'eau vive, il me veut libre
Il est la visite que je préfère
Celle qui comble mon âme avide

 

 

Joëlle Dederix

 

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AVRIL 2012

 

 

plume juin 2011

 

 

 

 

Partout refleurissent les coquelicots
Tapis rouges déroulés sur la rondeur des talus
Rubans sensuels aux pétales si légers
Voici revenues les fleurs fragiles du printemps

 

Les battements de mon cœur leur font écho
Cadence d'espérance pour tous les exclus
Ils ne se laissent pas cueillir les épris de liberté
Jamais ils ne rejoindront les grands ni les rangs

 

Et moi je suis comme eux, reine de mon paquebot
Vermoulu, déserté par les rats et les faux-culs
Fière de lever ma proue délavée vers la vérité
Le regard brimé certes mais sans relâche rivé au soleil levant

 

Et si vous et moi sommes aussi matelots
De cette vie sublime qui finit toujours par nous mettre à nu
Choisissons en conscience sur quel navire nous allons embarquer
Et de quel maître nous serions honorés d'être les servants

 

Le mien n'est ni un coq ni un sot
Les promesses qu'il m'a faites il les a tenues
Que voulons-nous au juste, il est temps de se le demander
Le prix de nos décisions sera à payer par nos enfants !

 

L'enjeu est de taille, il ne s'agit plus de simples calicots
L'heure est grave, nous marchons sur un fil ténu
Ouvrons nos oreilles, distinguons les discours pompeux de la fidèle intégrité
Écarquillons nos pupilles, ce qui est de mise c'est l'extrême vigilance

 

L'homme est sous l'emprise de ruisselants paletots
Ah ça brille mais les mots sonnent creux et quand leur vin est bu
Il reste la lie amère de tonneaux qui charrient les propos d'une aridité
N’ayant d'égale que leur vide béant et si bruyant

 

Illusions qui nous conduisent subtilement aux pelotons
Réveillons-nous sang de Dieu, et souvenons-nous de nos aïeux qui avant nous ont vécu
Que reste-t-il de la transmission, de ce lien qui signe l'éternité
Entre les peuples, les races, les générations bien au-delà des espaces et des vents ?

 

Chaque être qui chemine sur cette terre a le même lot
Et cela qu'il soit riche ou pauvre, jeune ou vieux, maigre ou ventru
C'est qu'il est juste un passant, un voyageur aux pas limités
Qu'il le veuille ou non et quelle que soit son arrogance

 

Il aura beau tempêter, se revêtir de gloire ou de multiples dots
Un jour, un peu plus tôt, un peu trop tard, il partira lui aussi comme il est venu
C'est pour cela que ce qui arrive à un homme arrive à toute l'humanité
Ainsi expulser, juger, jalouser, nuire ou tuer équivaut à détruire sa propre existence

 

Quoi qu'il advienne, le printemps prochain verra refleurir les coquelicots
Parce qu'ils sont ardents, joyeux, bravant les terres les plus ardues
Et qu’ils ne craignent pas de voir leurs pétales s’envoler avant l’été
Car leur éphémère élégance n’est qu’un des aspects de l’infinie Présence

 

Les lys des champs ne sèment ni ne moissonnent mais réalisent leur mission
Ainsi même les rois ne seront jamais comme eux aussi magnifiquement vêtus
Les hommes les plus beaux n’accumulent pas de trésors dans leurs greniers
Mais élargissent l’espace de leurs cœurs indéfiniment

 

Ils pressentent sans doute que face à ce qui passe leur âme crie : « à quoi bon »….
Sert-il à l’homme d’être savant, maîtrisant les techniques les plus pointues
S’il perd ce trouble divin qui envahit chaque semence, chaque grain de blé
S’il gagne le monde entier mais oublie son essence ?

 

Mes chers amis, mes frères et sœurs issus du même son
D’une parole d’amour pur, d’un élan jaillit des entrailles de la terre parfois à notre insu
Je nous appelle à l’écoute du souffle qui habitait l’inouï manifesté
Au moment fabuleux, déchirant, unique et sacré de notre inestimable naissance

 

Dans le secret de nos intimes, nous le savons, là tout au fond
Que nous sommes tous UN et que lorsque nous laissons un être sur la route, perdu
C’est un bout de nous-mêmes, une parcelle de nos origines qui est abandonnée
Restons inébranlables face aux manipulations et tendus sereinement vers l’espérance !

 

Fragilement mais librement et éternellement vôtre

 

 

Joëlle Dederix

 

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MARS 2012

 

 

plume juin 2011

 

MES AMIS

 

Je me laisse porter par les vents.
Comme les vagues qui courent sur le rivage,
Puis repartent vers l'horizon je vois défiler, puis s'envoler
Une multitude d'événements, de couleurs et de visages.
Et, des plus clairs aux plus sombres,
C'est le même souffle qui les anime.
Les fils de mon histoire s'entrelacent 
Traces amoureuses de mon passage dans cette incarnation.
Le paysage en est grandiose parce qu'il intègre le Tout.
Ma vie se dilate pour accueillir en son sein
Vallées et montagnes, astres de lumière et mille rivières,
Soleil et lune, aubes et crépuscules.
Telle la diversité des arbres et des fleurs,
Nos corps uniques sont les formes innombrables du divin.

 

Depuis mon enfance jusqu'à ce jour j'ai rencontré
De fugitifs passants, des voyageurs pressés,
Des anges discrets, de fidèles chevaliers,
Quelques abandons, l'une ou l'autre trahison
Pour de misérables piécettes ou pour la vaine gloire,
Des gestes si tendres que mes cellules en vibrent encore
Des paroles si vraies que mon être s'y désaltère toujours

 

Venez et voyez comme la nature est prolifique
Lorsque vous la contemplez hissés sur le mât
Lorsqu’ un  élément de votre vie prend toute la place
Prenez de la hauteur et vous agrandirez votre regard
Ce qui nous préoccupe tant procède du Vivant

 

Dans cette immense fresque les enfants jouent aux premières loges
Parce qu'ils sont les passerelles entre le monde des hommes
Et celui des dieux comme le savait la Perse ancienne
C'est pour cette raison que leur faire du mal
Meurtrit l'humanité entière et nous sépare de l'Essentiel

 

Très proche des enfants il y a les chiens et les saints
Tous deux joyeux et pétillants comme une source
Sur mon épaule dans ce mystérieux espace invisible
Qui m'environne et m'accompagne
Il y a mes amis, ces quelques frères et sœurs d'âme
Qui sont reliés à ma vie par des liens sacrés
Parmi eux certains ont rejoint les constellations
Leurs chevaux écumants frémissent de passion dans mes rêves
S'ils me visitent aux heures de brume
Ils viennent aussi m'inonder de lumière à la sixième heure
Quand le soleil est au zénith et se love dans les branches

 

D'autres sont présents au-delà des étendues et du temps qui passe
Fidèles à la proue ne quittant pas mes mains sur le gouvernail
Ils se reconnaîtront ceux-là qui ont traversé les mers avec moi
Sans dérobade, affrontant les tempêtes, ne s'y soustrayant pas
Je vous le dis mes chers amis vous êtes toujours avec moi
Et ce lien demeurera quoi qu'il advienne

 

La nuit me coule dans ses draps ouatés,
La cloche vient de sonner à l'église
Et le silence dépose son nectar à mes pieds :

Un espace infini pour le chant de mon cœur.

 

 

Joëlle Dederix

 

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FEVRIER 2012

 

 

plume juin 2011

 

QUI SAUVE UN HOMME SAUVE L'HUMANITE

Il fait si froid dehors, toute la nature est comme pétrifiée dans son éternelle beauté,
Parée comme une mariée dans sa robe blanche,
Ses colliers de diamants s'égrenant jusque dans la plaine
Gemmes translucides, opales brillantes sur le tapis vert déroulé sous ses pieds

 

Les ours dorment, les marmottes hibernent
L'écureuil toujours vif, file de cachette en cachette
Et fait la fête avec ses noisettes
Les oiseaux s'abritent sous les toitures sans un bruit
Mais où sont les hommes ?

 

Ils poursuivent leur course, se lèvent aux aurores hébétés de sommeil
La lune les surveille du coin de l'oeil et s'étonne de les voir s'agiter
A l'heure du repos quand toute vie dans le silence impalpable se tait
Permettant dans cette vacance, la germination fabuleuse qui se trame dans les secrets de sa terre

 

Tandis que l'homme s'épuise et continue à courir
En oubliant d'où il est issu et le sens des cycles comme des saisons
La nature se régénère, meurt pour renaître, couve sa prochaine fécondité
Se tient dans l'ombre pour redonner une nouvelle chance à la lumière

 

L'homme produit tandis qu'elle se reproduit
Il court pendant qu'elle s'immobilise
Il se bat quand elle s'incline

 

Les sans-abris quant à eux luttent pour la survie ….... comme la nature
Mais le drame est qu'ils sont déracinés, exilés de leur propre peuple
Privés de tous les moyens qui leur permettraient de traverser l'hiver

 

Pas de terriers, pas de fourrures, pas de toitures accueillantes
Juste le pavé gelé, les bancs au fer glacial et l'indifférence des passants
Même les églises leur montrent portes closes
Des gens meurent de froid devant nos parvis

 

Ce sont nos frères et nos sœurs qui se tiennent là en silence
Dans la même humanité que la nôtre
J'entends autour de moi des propos qui me font frémir
Du genre « si je leur donne de l'argent, ils vont le boire, ils l'ont peut-être cherché, on ne peut pas aider tout le monde, y'en a qui trichent, je n'y peux rien, pourquoi font-ils des enfants alors qu'ils sont si miséreux........ »
Mais regardons-les nom de Dieu, ils sont nos maîtres !
Au moins arrêtons-nous pour leur dire bonjour, plongeons nos yeux dans les leurs
Nous y verrons en face cette vérité qui nous fait peur : ils sont nôtres !

 

Au fond de leurs pupilles y'a quelqu'un qui crie : j'ai froid, soif et faim
Me donnerez-vous un peu de chaleur, un peu de votre abondance, de votre amour
Mais surtout m'aideriez-vous à retrouver ma dignité d'être humain....

 

Nos sociétés si évoluées maintiennent les pauvres dans la pauvreté
Et induisent ce monde à deux vitesses : les nantis et les laissés pour compte
Accentuant ce fossé entre ceux qui se maintiennent à flots et ceux qui coulent

 

Des hommes et des femmes de tous lieux et de tous temps nous montrent le chemin
Le père Wrésinski avec ATD quart Monde, sœur Emmanuelle, Don Bosco et bien d’ autres
Illustrent qu'une seule personne peut grâce à la foi et l'amour déplacer des montagnes
Alors si même nous sommes plus petits qu'eux
C'est certain que nous pouvons déplacer des collines
Ou du moins des monticules....

 

Qui sauve un homme sauve l'humanité..... dit le Talmud
Rappelez-vous la liste de Schindler.... c'est ce message de gratitude
Qui était gravé dans la bague que lui offrent les Juifs rescapés

 

Tout bien pesé qu'est-ce que cela peut nous faire comment un sans logis
Utilisera la misérable pièce de 50 centimes que nous posons par pitié dans son écuelle
N'est-ce pas encore une manière de contrôler ou de prendre le pouvoir
Que de décréter comment il devrait employer mon aumône ?
Ils sont déjà dépossédés de tout, doit-on aussi leur ôter cette ultime décision ?

 

Bien sûr qu'on ne va pas régler le problème avec une piécette
Mais est-ce une bonne raison pour passer près des exclus sans rien dire, sans aucun geste?
Évidemment qu'il est impératif de se mobiliser pour des solutions durables
Travail, logements, accès à l'enseignement et aux apprentissages, à la culture
Nourriture décente sont des droits à défendre pour tous

 

Un homme sensible à la justice m'a dit ceci
« Il y a quelques années à Bruxelles une vieillarde en pleine froidure
Se tenait pieds nus près de la gare
J'ai toujours ce vif regret dix ans plus tard de ne pas lui avoir donné mes chaussures
Quand je repense à elle, j'ai les larmes aux yeux, des gendarmes sont passés près d'elle
Et des tas d'autres personnes sans que quiconque ne lui prête attention... je lui ai glissé une pièce, j’ai toujours ce sentiment très fort qu'elle est morte cette nuit-là, seule, abandonnée des siens.... de nous quoi.... »

 

Chacun de nous peut poser sa pierre pour que le monde change
Prendre dix minutes de son temps pour s'arrêter près d'un homme, d'une femme, d'en enfant
L'écouter, lui parler, le regarder
Ne plus passer à côté en feignant d'ignorer sa présence
C'est un premier pas vers la fraternité
Step by step, stone by stone....

 

Le pauvre est notre maître car il nous rappelle qui nous sommes et d'où nous venons
Servons-le comme il se doit car le maître réveille le serviteur de sa torpeur
A ce titre, il est juste que nous lavions ses pieds nus avec un parfum de grand prix ….

 

 

Joëlle Dederix

 

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JANVIER 2012

 

 

plume juin 2011

 

ENVOL VERS 2012

Florilège de couleurs
Couleurs de feu
Feu à ranimer, feu de Dieu
Dieu merci

 

Merci de participer à la Vie
Vie sublime, vie sacrée
Sacrées soirées, sacrées journées
Journées de fous
Fous de joie
Joie partagée, joie imaginée

 

Imaginez que vous réalisez vos rêves
Rêves de lumière et de vous
Vous tels que le vouliez quand vous étiez enfants
Enfant du monde, enfant qui chante

 

Chante le monde est dans tes mains
Mains tendues, mains ouvertes comme une fleur
Fleur aux corolles parfumées et si tendres
Tendre oiseau qui pépie sur la branche
Branche vieille ou jeune mais branche amie
Amie fidèle qui vous aime comme vous êtes

 

Êtes-vous prêts pour l'an 2012
2012 étoiles d'espérance
Espérance d'une irremplaçable traversée
Traversée d'un cap
Cap sur la transformation de l'Être
Être ou ne pas Être telle sera la question
Question cruciale au bout du chemin
Chemin fait de montagnes et de vallées
Vallées de larmes quelquefois mais surtout d'eau
Eau qui désaltère, qui purifie, qui efface, qui court

 

Cours vers l'amour qui t'attend
T'attends quoi pour te décider
Décider que la vie, que ta vie est belle
Belle comme l'aube de l'an 2012
Douce comme tes lèvres sur ma peau
Peau d'ours, peau d'âne, peau à fleur de toi
Toi qui es là unique et important pour la terre
Terre des hommes, terre des femmes, terre-mère
Mère qui porte, qui enfante, qui prie, qui ne nous quitte pas
Pas après pas nous irons vers nos rêves de lumière
Lumière qui éclaire nos cœurs d'enfant
Enfant que nous restons au fond de nos âmes
Âmes de désirs, âmes passionnées, âmes de feu

 

Feu vert sur l'an nouveau
Nouveau ciel, nouvelle chance
Chance du jour qui vient
Viens avec moi, la vie te fait signe

 

Signes par milliers, traces de notre destinée
Destinée à sortir de ma chrysalide
Chrysalide qui m'enserre et qui soudain tremble
Tremble d'émoi et d'effroi mais se brise bientôt
Bientôt viendra le temps de la liberté
Liberté du papillon qui s'envole
S'envole dans un florilège de couleurs

 

Passionnante année 2012 à vous tous

 

 

Joëlle Dederix

 

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