Plume libre Octobre 2010

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EN COEUR DANS LA LUNE

Quand on entend dire à un enfant :
« Mais tu es dans la lune »
Cela sous-entend généralement :
« Hou, hou reviens parmi nous, tu t’es perdu... ».
La vérité est qu’à ces moments bénis, ces enfants sont proches de leur lumière.
Qu’ils soient Pierrot ou Petit Prince, ils perçoivent encore qu’ils sont de la même nature
Que le soleil, les planètes, la terre, le ciel et toutes les espèces qui y gravitent.
D’ailleurs quand leur chien meurt, ils le pleurent comme un des leurs
Et quand ils rient avec les fourmis ou chantent avec les tourterelles
Ils sentent dans leur petite poitrine un grand cœur qui palpite.

Ne croyez pas que je fais l’éloge inconditionnel de l’enfance
Car j’en connais des enfants querelleurs, menteurs voire manipulateurs
Qui sont comme des adultes en miniature
Rouges de suffisance
Prêts à tout pour prouver qu’ils sont les meilleurs
Criant : « c’est MON jeu, c’est MA voiture.... ».
Non, ce que j’évoque c’est l’ESPRIT d’enfance
Qui anime les femmes quand elles courent pieds nus sous la lune blanche
Qui étreint les hommes quand, ayant baissé les armes, enfin ils versent des larmes
Qui pétille dans les yeux des vieux quand ils lèvent une main remplie de rides
Pour bénir un nouveau-né ou caresser la tête de leur infirmière.
Les amoureux prétendent qu’ils pourraient décrocher la lune
Tandis que les passionnés de tous âges et de tous poils
Y accrochent leur balançoire favorite pour s’y réfugier chaque fois qu’ils le pourront.
Avez-vous remarqué que s’il est normal que les petits JOUENT
Il est de bon ton que les grands TRAVAILLENT !


Après quand ils seront vieux, malades, et si fragiles
Incapables désormais d’être productifs, ayant perdu toute force et toute ambition
Il faudra les rassembler dans des maisons spécialisées pour gens inutiles.
Mais regardez- les alors qu’ils somnolent ou dérapent exprès sur le versant de la folie,
Ils cherchent le chemin oublié de la lune !
Pendant que de l’autre côté des murs le monde s’agite
Dans sa course effrénée à l’argent, au succès et vivant comme s’il était immortel,
Eux, derrière leurs barreaux, se réfugient à l’intérieur de leur Etre
Et redécouvrent avec des yeux d’enfants émerveillés
Que l’éternité s’échappera toujours de la matière pour faire sa demeure dans la lumière.
Nos ancêtres depuis le clair de lune
Nous illuminent tendrement et humblement.
Tandis que nous frétillons sous le soleil avec nos formes en mouvance,
Chaque nuit ils nous invitent à retrouver les traces de nos pas perdus
Ceux qui nous faisaient rêver, frémir et créer.
Allez zou, donnons-nous rendez-vous pour aller danser ensemble....  à la prochaine lune !

 

 

Joëlle Dederix