Plume libre Novembre 2010

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AUTOMNE AU COIN DE MOI

Pourquoi y a-t-il de petites poules rousses
De grandes fleurs bleues
Mille verts sur les arbres ?
Voici que l’automne nous inonde,
La vigne s’habille de pourpre,
Les mûriers se coiffent de frondaisons jaunes,
A l’horizon des coulées d’orange ondulent encore.
Et je me surprends à penser que bientôt,
Tout sera fané, endormi, les ramures seront désertées.
A quoi bon ce flot de vivant, cette corne d’abondance
Ces couleurs qui ensorcèlent nos yeux
Si elles ne durent que le temps des roses ?
A quoi bon vivre pour des prunes
Aimer pour prendre des râteaux
Donner pour se retrouver sur la paille ?
Bon, reprenons nos esprits...
D’abord, les prunes c’est délicieux !
Ensuite, les râteaux c’est super pratique
Pour ramasser les feuilles, l’herbe coupée, le foin
Et pour émietter la terre avant les semailles.
Enfin, la paille est appréciée non seulement par les ruminants
Mais aussi par nous qui pouvons y abriter nos amours clandestines
Et garder le souvenir ravi de brindilles qui si elles piquent un peu les fesses
Sont de sacrées gredines qui nous incitent aux caresses !
Que faire pour envoyer au cimetière ce fichu « à quoi bon »
Qui sait venir se mettre en travers de mes meilleures intentions ?
Ah mais c’est que j’ai une idée soudain !
Je vais le mettre à toutes les sauces,
Je vais lui en faire voir de toutes les couleurs
Jusqu’à ce qu’il épuise tous ses noirs et ses innombrables bruns
Tous ses redoutables violets et ses tenaces carmins.
Je vais regarder tomber toutes ses feuilles et les compter une à une.
Puis, je les ferai sécher car je ne m’en tiendrai pas là !
Quand le printemps reviendra, je ressortirai mon herbier
Et je le repeindrai, j’inventerai de nouvelles couleurs,
J’accrocherai des rubans aux branches du pommier,
Je poserai des rubis dans un emballage cadeau sur les rivages du cerisier,
Je répandrai mes pastels dans tous les buissons, sur tous les balcons
Puis je soufflerai sur mon cœur pour faire s’envoler la suie
Et je le frotterai avec un chiffon très doux pour qu’il brille.

 

 

Joëlle Dederix