Plume libre Février 2010

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LE VIEUX BANC DANS LE JARDIN DU MAITRE

Dans le jardin du Maître
Il y a des hirondelles
Et des feuilles toutes en couleurs
Dans le jardin du Maître
Il ya du soleil
Sur les plis des heures, des leurres et des peurs

Dans le jardin du Maître
Les abeilles butinent
Même en plein cœur de l’hiver
Dans le jardin du Maître
Il ya de l’eau qui court
Entre les vignes
Et qui se promène
Même sur le grain des pierres

Dans le jardin du Maître
Il y a un banc près de la treille
Il regarde paisiblement la vallée
Son bois se fendille
La mousse s’y niche
Autour de lui, les fleurs grandissent
En myriades d’espèces
Les ailes des oiseaux le frôlent
Bleutées, blanches, vertes, noires ou jaunes
Brillantes ou mates, longues ou si petites
Déployées, plissées, brisées, ombrées ou fardées

Le vieux banc a des sourires qui creusent son essence
Et des secrets qui se cachent dans ses nœuds
C’est que depuis le temps qu’il veille
Il ne fait plus qu’un avec la vie qui danse
Tant d’hommes se sont assis à sa table
Des jaunes, des rouges, des blancs et des noirs
Venus un matin et repartis un soir
Emergeant de l’herbe puis y retournant
Tant de fleurs venues le saluer un bref instant
Juste pour jouer avec le vent
Changer de robe puis repartir en beauté
Tant de baisers échangés, de promesses partagées
Tant de paroles acérées, de soupirs épuisés
Evanouis dans l’air du matin
Des saisons par paniers
Des fruits par milliers
Du sang versé, des larmes versées elles aussi
Des rires d’enfant égrenés
Des pieds de femmes égarés
Le vieux banc a les yeux pleins
Il sait qu’un jour il sera si fatigué
Qu’il se laissera tomber
En copeaux de bois
En miettes d’arbre
Juste pour la joie de féconder la terre
De goûter aux racines de ses frères
Et puis simplement d’Etre, d’Etre, d’Etre !

 

 

Joëlle Dederix